Quand avril
rime avec fébrile
En ce mois d’avril, l’Europe a assisté à la réélection du président français sortant pour un nouveau mandat de cinq ans. Bien qu’Emmanuel Macron soit parvenu à s’imposer face à Marine Le Pen, l’écart s’est finalement avéré plus réduit qu’en 2017, confirmant qu’il ne sera pas aisé pour le président d’obtenir une large majorité aux élections législatives du mois de juin. La réélection du président français intervient alors que l’inflation en Europe continue de menacer le pouvoir d’achat des ménages, mouvementant en conséquence les taux souverains européens. Alors que le risque d’un élargissement des sanctions européennes se fait de plus en plus probable, les effets de la guerre en Ukraine continuent par ailleurs de se matérialiser tandis que les difficultés d’approvisionnements pénalisent d’ores et déjà l’industrie, notamment allemande. Pour la Banque centrale européenne, le risque de voir une inflation durable pénaliser la consommation des ménages semble désormais prendre le dessus sur le risque d’à-coup sur la croissance. Dans ce contexte, il est probable qu’une hausse des taux directeurs intervienne dès cet été et vienne alimenter la poursuite de la hausse des taux souverains européens. Force est de constater que l’institution a jusqu’ici bénéficié de l’effet de rattrapage post-covid, ce qui continue de militer aux yeux des investisseurs en faveur d’un retrait rapide, qui pourrait par ailleurs donner à l’euro la capacité de retrouver une dynamique haussière.
A l’inverse, outre-Atlantique, la publication des minutes de la Fed a déjà confirmé un calendrier nettement accéléré de réduction de son bilan.
En effet, malgré une dynamique haussière sur les salaires, l’accélération de l’inflation commence déjà à pénaliser la consommation des ménages. De surcroît, compte-tenu de la politique monétaire menée par la Fed, le secteur immobilier verra immanquablement sa contribution à la croissance diminuer. Figurant parmi les principaux contributeurs à la performance du pays l’année passée, le secteur a été largement favorisé par le contexte de taux bas et l’excès d’épargne postpandémie des ménages. Désormais le risque de surchauffe économie prévaut et la Fed se voit contrainte de chercher à limiter, sans trop le perturber, le cycle de croissance.
Sur le plan sanitaire, les regards se tournent à nouveau vers Pékin.
Les données relatives à la propagation du virus continuent de se dégrader et le risque de voir la capitale confinée à son tour, à l’instar des 25 millions d’habitants de Shanghai, s’accroit de jour en jour. Compte-tenu d’une stratégie « zéro-covid » qui perdure, l’impact sur la croissance chinoise et les pressions inflationnistes se font lourdement ressentir du fait de craintes amplifiées d’avoir à faire face à de nouvelles perturbations sur les chaines d’approvisionnement mondiales. La publication de l’indicateur CPI du mois de mars est d’ailleurs venue confirmer le risque additionnel que représente l’inflation pour la croissance chinoise. Alimentée par la hausse des prix des matières premières et les confinements de certains lieux stratégiques, elle a amené la banque centrale à annoncer de nouvelles mesures de liquidité visant à limiter le choc sur le système financier tout en continuant d’assurer un soutien à l’économie réelle. Ces annonces ont permis un léger rebond des indices actions de la région, sur fond notamment de dépréciation du yuan.
La saison des publications s’est révélée relativement encourageante, donnant aux marchés actions la capacité de résister au manque de visibilité induit par les défis sécuritaires et sanitaires. La demande reste toutefois résiliente au regard du contexte et les entreprises parviennent pour la plupart à augmenter leurs prix sans constater d’impact majeur sur leur activité. Nous conservons toujours pour le second semestre un biais prudent et veillons à analyser de près les impacts possibles sur nos allocations d’une dynamique inflationniste croissante.