Interview BFM

Entretien avec Abdelfatah Redjeb
de Montségur

BFM :
On va en parler de cette séance, en effet, de l’attente avant ce soir, la décision politique monétaire avec notre expert Abdelfatah Redjeb avec nous depuis Montségur. Bonjour Abdel. Ravi de vous retrouver. Wall Street qui va ouvrir dans maintenant 24 minutes. Abdel, on sera sur place à New York pour l’ouverture. Street. On attend un titre Snap en net repli d’ailleurs. Tout à l’heure, Sabrina nous expliquera tout. Et puis un autre groupe à surveiller. Pour le coup, la publication interviendra seulement après la clôture de Wall Street, ce sera Meta, Meta très, très attendu ce soir et qui va aussi beaucoup faire parler dans les salles de marché tout au long de cette fin de séance et de la séance américaine. Que faut-il attendre sur cette publication tout à l’heure de Meta, d’après vous, Abdelfatah ?

Abdelfatah RedjebGérant chez Montségur

Abdelfatah Redjeb :
En lecture transversale de Meta, on a eu Snap hier qui a une publication assez compliquée avec une perte opérationnelle et une croissance des revenus proches de zéro, qui subit encore les changements opérés par Apple sur la confidentialité et prévoit un début d’année assez difficile. Donc, en toute logique, après clôture, le titre était à moins 15 %. Pour Meta, on peut s’attendre aux mêmes dynamiques. Le Q4 est un trimestre important sur la pub. Le marché anticipe une baisse des revenus dans un marché de la pub très difficile en effet il y a beaucoup de clients qui seraient moins tentés d’investir dans le contenu publicitaire, le contexte économique ne s’y prête pas. Ce qu’il faudra suivre sur Meta, c’est le commentaire de Mark Zuckerberg sur les perspectives 2023, là où Snap était un peu prudent. Les ambitions dans le métavers et surtout les coûts de développement associés à ce projet. Le taux d’engagement des utilisateurs, il y en a de plus en plus qui se tournent de plus en plus vers TikTok. Un éventuel programme de réduction de coûts. Meta avait annoncé qu’ils allaient licencier 13% de leurs employés, comme beaucoup d’autres acteurs de la tech ou comme Snapchat l’été dernier.
Les investisseurs sont nerveux sur le titre. Ils ont déjà connu beaucoup de douche froide en 2022 dessus. Le titre est d’ailleurs annoncé en baisse à l’ouverture. Ce n’est pas de très bon augure pour Meta.

BFM :
Meta à suivre après la clôture, attendue en forte baisse tout à l’heure et vous n’êtes pas optimiste sur la publication. Snap aussi attendu en forte baisse tout à l’heure. On va revenir ici sur le marché parisien avec une autre forte baisse encore plus forte que celle attendue pour Snap, c’est Orpea.

Ce titre Orpea, moins 19 aujourd’hui. Est-ce que vous diriez avec une telle baisse qui, du coup, peu à peu, valorise cette dilution à venir ? Est-ce que vous diriez que le titre devient peut-être attractif ou on reste à l’écart de la thématique des maisons de retraite en Bourse ou alors on privilégie plutôt Korian qu’Orpea ? Comment est-ce que vous regardez cette thématique après l’annonce des conditions d’un accord à venir avec ce pool d’investisseurs mené par la CDC ?

AR :
Je pense que tout a été dit. Effectivement, la dilution est extrêmement forte. Juste pour revenir peut-être sur un point de précision, le 0,4% détenu par les investisseurs, c’est s’ils ne participent pas aux augmentations de capital futures. Ensuite, la dilution est très forte de la part de la CDC et de la conversion de dette en actions. On restera très prudent sur le secteur, on n’ira pas sur Orpea. On voit que les mauvaises nouvelles se sont enchaînées durant toute l’année. Certes, il y a un peu plus de visibilité maintenant avec une réduction de la dette et un engagement d’un levier à l’horizon 2025, mais on évitera de se positionner sur Orpea et sur Korian de manière générale.

BFM :
Orpea moins 19, incroyable baisse et Korian qui recule plus modérément, beaucoup plus modérément, moins 1 %.

Eramet, qui voit son objectif de cours par Oddo BHF nettement largement relevé, révisé à la hausse, ce titre Eramet gagne 14 %. Est-ce qu’après cette hausse de 14 %, vous auriez envie de renforcer ou est-ce que ça y est, tout est dans les cours et plus 14, c’est déjà bien payé ?

AR :
Le titre réagit très positivement à ce relèvement, bien sûr, mais c’est expliqué aussi par des facteurs techniques il y a une faible liquidité sur le titre Eramet, du coup, la moindre bonne ou mauvaise nouvelle, exacerbe les mouvements à la hausse ou à la baisse. Ensuite, le parcours a été assez mouvementé, notamment au deuxième semestre l’an passé, où les matières premières ont commencé à refluer, mais que les prix de l’énergie sont restés assez élevés. Là, aujourd’hui, les perspectives économiques s’améliorent légèrement avec une baisse de l’énergie et des perspectives qui est un peu moins sombre que prévu. Le titre reprend des couleurs depuis le début d’année. Eramet, c’est un acteur historique dans le manganèse principalement. C’est des aciers qui sont utilisés dans le secteur de la construction ou de l’automobile, qui sont des secteurs assez cycliques et qui ont souffert récemment. Il faut être confiant sur ces secteurs. Il y a des perspectives intéressantes dans le lithium. On pense notamment à des batteries dans les voitures. Dès 2024, Eramet démarrera des activités en Argentine et à l’horizon, 2030, une exploitation en Alsace qui n’est pas prise en compte par Oddo dans sa valorisation. La structure financière est plutôt saine, 0,4 fois la dette sur Ebitda et des cessions en cours de divisions qui pesaient sur la génération de cash. Ça reste une entreprise très cyclique qui opère dans des zones géographiques assez complexes comme l’Argentine, le Sénégal, le Gabon ou la Nouvelle Calédonie, qui est sujet à une instabilité du réseau électrique assez fréquente et des multiples mouvements sociaux. Si on arrive à passer outre cela, c’est vrai qu’Eramet présente une décote d’environ 30% par rapport à ses concurrents et des perspectives et un profil qui s’améliorent. On serait tenté de jouer Éramet, justement, si on valorise les perspectives dans le lithium.

BFM :
Éramet plutôt qu’Imerys, par exemple. On parle lithium, Imerys, compte, ouvrir un champ de lithium, exploiter, un champ de lithium aussi en Auvergne qui viendrait d’ailleurs apporter un peu plus de souveraineté, en tout cas le potentiel de souveraineté, on va le dire comme ça, dans la production de batterie électrique française. Entre Imerys et Éramet, vous choisissez plutôt Imerys ou Éramet.

AR :
Alors, si on joue le lithium, les deux titres sont assez intéressants. Imerys, l’avantage en France, c’est qu’elle exploite déjà la zone à Beauvoir. C’est justement continuer les explorations dessus. Ce n’est pas étonnant que beaucoup d’acteurs s’y mettent dans le lithium en Europe et surtout en France pour soutenir les batteries de voitures. Mais on peut jouer les deux titres. Peut-être Imerys, si on est plus lithium et pour plus de minerais comme le manganèse, par exemple, Eramet.

BFM :
Super précis. Merci beaucoup, Abdel. Merci beaucoup de nous avoir accompagné en direct depuis les bureaux de Montségur.

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