Edito

Un mois placé sous le signe de l’attente après une pluie de records

Le mois de novembre 2025 s’est inscrit dans un climat de prudence sur les marchés financiers, au croisement de plusieurs dynamiques macroéconomiques, politiques et géopolitiques.

Si les grands indices actions n’ont globalement fait preuve de faiblesse, la tendance est restée hésitante par rapport aux mois précédents. A l’origine, des signaux économiques contrastés, un retour des tensions commerciales et un contexte politique mondial toujours instable.

Aux États-Unis, la question centrale a été de savoir si la Réserve fédérale allait enclencher la nouvelle baisse des taux dès décembre. La fermeture prolongée de l’administration fédérale a suspendu la publication de nombreux indicateurs économiques, notamment ceux relatifs à l’emploi et à l’inflation. Les marchés ont dû s’appuyer sur des estimations privées pour évaluer la dynamique conjoncturelle, rendant la lecture économique plus incertaine. Cette situation a focalisé l’attention sur la politique monétaire américaine.

En parallèle, les segments technologiques, et en particulier les valeurs liées à l’intelligence artificielle, ont poursuivi leur rebond, malgré des interrogations croissantes. Les publications solides de certains titans du secteur, comme NVIDIA, ont été accueillies avec plus de retenue qu’auparavant. Pour de nombreux investisseurs, les attentes semblent désormais particulièrement élevées et la croissance future déjà largement intégrée dans les cours. Ce phénomène nourrit une défiance accrue sur la surchauffe qui touche ce segment du marché, qui a tiré l’essentiel des performances et des profits depuis plusieurs années.

Plusieurs indicateurs avancés ont toutefois suggéré un ralentissement du marché du travail et une modération des tensions inflationnistes. Ces signaux ont soutenu l’hypothèse de baisse de taux potentielle dès décembre, à 85% selon le consensus, renforçant l’appétit pour le risque.

En zone euro, la dynamique a été plus stable. La Banque centrale européenne a maintenu ses taux inchangés, tout en adoptant un ton prudent face aux incertitudes extérieures. Les indicateurs macroéconomiques reflètent un environnement contrasté : si l’inflation poursuit son repli, les données sur l’activité restent fragiles, notamment du côté industriel. Le retour de discussions autour de mesures de soutien budgétaire dans plusieurs pays, en particulier en Allemagne, a toutefois apporté un soutien aux marchés actions. Certains secteurs, comme la défense ou les infrastructures, ont été portés par cette orientation volontariste, reflet d’une pression géopolitique toujours élevée.

La situation en Ukraine demeure instable, les tensions au Moyen-Orient persistent, et les relations sino-américaines restent tendues, notamment sur les fronts technologique et commercial. Ces éléments ont déclenché une demande de couverture, en particulier sur les actifs défensifs, traduisant une volonté des investisseurs de protéger les performances acquises des portefeuilles.

En Chine, l’optimisme suscité par les précédentes annonces de relance s’est partiellement essoufflé. L’activité industrielle reste hésitante, et les publications économiques ont confirmé une reprise fragile. Les autorités ont poursuivi leurs interventions ciblées, notamment via des injections de liquidités, sans parvenir à infléchir la tendance. La confiance des investisseurs reste conditionnée à une stabilisation plus nette du secteur immobilier, condition préalable à une reprise plus homogène de la consommation intérieure.

Au Japon, les marchés ont connu une volatilité importante, marquée par une alternance de phases de défiance et de regain d’intérêt, notamment de la part des investisseurs étrangers. La Banque du Japon a conservé une posture attentiste, tout en laissant la porte ouverte à un ajustement de sa politique monétaire en fonction de l’évolution des données. La faiblesse persistante du yen et les tensions sur les prix à la consommation continuent d’alimenter le débat sur une potentielle sortie progressive de la politique ultra-accommodante.

Les matières premières ont suivi des trajectoires divergentes. L’or a poursuivi sa progression, porté par les achats des banques centrales et la recherche de valeurs refuges dans un contexte de visibilité réduite. Le pétrole est resté globalement stable, avec une offre abondante qui compense les tensions potentielles dans certaines zones géopolitiques sensibles.