Edito

Pas de répit au mois d'août

Si les indices boursiers ont été portés par la bonne santé des entreprises au premier semestre, les investisseurs montrent désormais plus de fébrilité. Au long combat de lutte contre l’inflation sont venues s’ajouter les craintes quant à la santé économique de la Chine, et la persistance des tensions géopolitiques. La bourse de Paris s’inscrit en recul de – 2,4 % sur le mois.

A l’occasion du symposium de Jackson Hole, l’introduction de J. Powell était particulièrement attendue. Dans son discours, le renforcement du caractère restrictif de la politique monétaire n’a pas été exclu compte tenu de la résistance de l’économie américaine. Aux yeux de la Fed, l’enjeu se situe autour de l’emploi et des salaires alors que de nouvelles tensions sur ces segments pourraient inciter à des hausses de taux. En parallèle, ce cadre a été pour la BCE l’occasion d’exprimer sa vue en amont de sa prochaine réunion. Si le ralentissement de la croissance est plus notable en zone euro qu’aux Etats-Unis, Christine Lagarde n’a pas crié victoire non plus, rappelant que plusieurs incertitudes demeurent. A l’instar de la Fed, l’institution conserve son approche « data dependent ».

Les pays émergents évoluent en ordre dispersé. En Turquie, la banque centrale tente de faire renaitre sa crédibilité. Avec Hafize Gaye Erkan à la tête de cette mission, l’institution a relevé ses taux directeurs à l’issue de sa dernière réunion. Le taux directeur principal s’élève désormais à 25 %, mais la perspective d’un retour à une politique monétaire plus orthodoxe a quelque peu porté la lire turque. Au Brésil, le gouvernement de Lula a dévoilé son plan de relance visant à stimuler les investissements sans négliger la dimension environnementale. Ce plan intervient alors que la croissance a rebondi en début d’année et que le pays bénéficie d’un environnement économique plus favorable, sur fond d’inflation qui ralenti pour revenir aux alentours de 4%. La Chine n’arrive quant à elle toujours pas à rassurer les investisseurs. Les données d’inflation de juillet se sont inscrites en territoire négatif en raison notamment de la baisse des prix alimentaires, énergétiques et des matières premières. Rappelant les fragilités de l’économie, ces données n’ont pas permis de rassurer le marché qui constate en complément des tensions sur le marché de l’immobilier chinois. Face aux risques, les autorités ont mis en place une série de mesures de soutien mais toujours insuffisantes aux yeux des investisseurs pour inverser la tendance de ralentissement. Alors que le Premier ministre a réaffirmé la volonté du gouvernement d’atteindre l’objectif de croissance de 5%, il a appelé à renforcer le soutien à la demande domestique et la consommation. Toutefois, le gouvernement met un point d’honneur à concilier développement économique et sécurité, pesant ainsi sur le potentiel de croissance du pays. Diverses mesures de soutien se sont alors conjuguées à des promesses d’un soutien budgétaire à venir. La confiance étant affectée, cela ne semble pas suffisant aux yeux des investisseurs pour compenser la rechute récente des indices.

Au Japon, malgré l’enclenchement d’une dynamique inflationniste, la banque centrale reste dans l’attente. La publication des données d’inflation du mois de juillet a mis en avant un taux plus élevé que celui anticipé par le marché, dans un contexte où les hausses de salaires se répercutent désormais sur les coûts des entreprises. Portée par la hausse des prix dans les services, la vigueur de l’inflation sur la composante sous-jacente s’est ainsi reflétée dans l’inflation totale. Alors que le signal envoyé à la banque centrale semble plutôt favorable quant au déclenchement de la boucle « prix-salaires », l’institution a préféré rester dans l’attente. A l’occasion de son intervention au symposium de Jackson Hole, le gouverneur de la Banque du Japon a justifié le maintien d’une politique monétaire accommodante. Il estime en effet que la tendance de l’inflation sous-jacente demeure toujours sous la cible de l’institution fixée à 2 %, ajoutant que l’inflation pourrait rechuter en fin d’année.

Plus que jamais, l’enjeu principal sur les marchés reste celui des taux ainsi que de l’inflation. Dans ce contexte, la classe obligataire est sur le devant de la scène, dirigeant notamment l’intérêt vers les durations courtes. En cette rentrée, les investisseurs n’ont pas toutes les réponses. Une pause durable, enfin, dans les hausses de taux et des résultats rassurants pour le troisième trimestre seront les meilleures réponses.

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